LA SAINTE-BAUME
GROTTE SAINTE


LE MASSIF DE LA SAINTE-BAUME

Cette barre rocheuse de douze kilomètres, qui culmine à 1147, résulte d'un profond mouvement de l'écorce terrestre. La pression interne sur les sédiments calcaires fut telle qu'à l'ère tertiaire, le pendage des strates atteignit, sur le versant Nord, le point vertical de cassure alors que le versant sud courait sur un revers plus doux. Ce dernier, directement exposé aux influences méditerranéennes, paraît dénué quand on le compare au versant Nord dont la forêt primaire, résidu fossile d'une forêt de l'ère tertiaire, a envahi les pentes abruptes.

On y retrouve l'étagement des massifs forestiers septentrionaux où les arbres du froid, hêtres, ifs, houx et érables occupent les plus hautes terres, laissant aux chênes verts et pubescents le bas des pentes. Les Phocéens de Massalia, partis à la découverte de leur arrière-pays, arrivèrent dans ces lieux sauvages et les dédièrent à leur déesse Artémis. Ce fut le poète latin Lucain qui, le premier, au Ier siècle, dans son œuvre, La Pharsale, en donna une description précise : " ... Il y avait un bois sacré qui, depuis un âge très reculé, n'avait jamais été profané. Il entourait de ses rameaux entrelacés un air ténébreux et des ombres glacées, impénétrables au soleil... " 


Des vestiges découverts près du Plan-d'Aups attestent la présence romaine en ces lieux. Sur les derniers chaînons occidentaux du massif, le col de l'Espigoulier ouvre la route qui descend vers l'abbaye de Saint-Pons, dominée par le mont Cruvelier. De cet établissement féminin, de règle cistercienne, il ne reste que des ruines, les religieuses ayant abandonné les lieux au cours du XIV e siècle. Autour de la source résurgente du Fauge, s'étend le parc de saint Pons aux frais ombrages de ses hêtres et ses frênes. Le panorama qui s'ouvre au sommet du saint Pilon est immense et ne fait que mettre en évidence la modestie de la chapelle construite à l 'emplacement de l'ancien pilon, la colonne qui marquait le lieu des extases quotidiennes de sainte Marie Madeleine.

La retraite de Marie Madeleine, venue chercher, dans ces lieux, la communion avec Dieu, même si elle n'est attestée que par la tradition, fit de sa grotte, au flan de la falaise qui se dresse dans le massif devenu le massif de la Sainte-Baume, un lieu saint. 

En 414, Jean Cassien, à la demande de l'évêque de Proculus de Marseille, fonda le monastère Saint-Victor qui essaima vers La Sainte Baume. Les moines cassianites se mirent sous le patronage de Marie Madeleine et devinrent les gardiens de son tombeau à Saint-Maximin la Sainte-Beaume. 

En 710, devant la menace sarrasine, ce fut dans la crypte de Saint-Maximin la Sainte-Beaume qu'ils placèrent, dans le sarcophage de saint Sidoine, afin de mieux brouiller les pistes, les ossements de la sainte avant de combler et de murer le sanctuaire.
Au fil du temps, la mémoire de cette cachette s'effaça et les reliques ne furent mises à jour qu'en 1279, par Charles II d'Anjou.

 

 

Des pèlerins de rendaient toujours à la baume sacré. Parmi eux, Saint Louis, l'oncle de Charles II, de retour de croisade, avait fait, en 1254, d'après son chroniqueur Joinville, un détour au lieu "de la Basme, en une roche moult haute, là où l'on disait que la Sainte Magdalaine avait vécu en ermitage, longue espace de temps". En 1295, les Dominicains se virent confier la charge de ces lieux saints.

François Ier vint en pèlerinage à la Sainte Baume, le 21 janvier 1516. Il fit réparer le sanctuaire et le dota de cette belle porte sculptée. L'archevêque d'Arles et d'Aix-en-Provence, Monseigneur Jean Ferrier, proposa, la même année, la construction de sept oratoires le long du chemin des Rois.

Aujourd'hui, le marbre blanc de la statue de la sainte élevée en apothéose, par deux anges, illumine le fond de la grotte tandis qu'une autre statue de Marie Madeleine, en pleurs, a été placée sur le rocher de la Pénitence.